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Intelligence Publique

L'administration et les collectivités publiques, innovent, inventent et se réinventent. l'objet de ce blog est de présenter ces différentes évolutions, notamment du point de vue juridique et de présenter l'administration, souvent décriée, sous ses aspects les plus novateurs. Seront présentées les évolutions nationales mais également d'administrations étrangères.

Startups d’État : l’agilité au profit de nouveaux services numériques

Imprégnées par l’approche agile et l’expérimentation avec les usagers, les startups d’État s’attaquent à la complexité des démarches administratives. Retour sur les fondamentaux de ces équipes resserrées, hébergées par le secrétariat général pour la modernisation de l'action publique (SGMAP).

Un cocktail inédit mêlant les pratiques des logiciels libres, l’approche agile et l’expérimentation continue sur le terrain, le tout appliqué à une mission de service public. Voilà résumé l’ADN de la startup d’Etat, un modèle expérimenté depuis deux ans par le secrétariat général pour la modernisation de l’action publique (SGMAP). Présentées officiellement lors de la Semaine de l’innovation publique, ces startups d’État s’appuient désormais sur un incubateur qui prend place au sein de la direction interministérielle du numérique et du système d’information et de communication de l’Etat (DINSIC).

Le SGMAP compte aujourd’hui une quinzaine de startups d’Etat. Mais d’où est né ce concept ? A quelles problématiques citoyennes ces startups s’attaquent-elles ? Quelles sont les motivations des hommes et des femmes engagés dans cette aventure si particulière ?

Retour en 2013. « A l’époque, nous cherchions à transformer data.gouv.fr en un site tourné vers la recherche, le partage et la réutilisation de la donnée. Nous avons décidé d’internaliser les développements et de recourir à une équipe d’agilistes. En six mois, le résultat a été plus que probant », se souvient Henri Verdier, à l’époque directeur d’Etalab, directeur de la DINSIC depuis septembre 2015.

Dans la foulée, le SGMAP a entrepris de dupliquer cette expérience fructueuse à la conception de nouveaux services pour l’usager. Ces projets ciblent en particulier les « irritants », autrement dit les points bloquants ou décourageants des parcours administratifs. C’est le cas de Marché public simplifié (qui propose aux entreprises de postuler à des marchés publics sans fournir de pièce justificative), de Mes-aides.gouv.fr (outil de simulation indiquant à l’usager les prestations sociales auxquelles il a droit ainsi que leur montant), du service en ligne de demande de bourse de collège (déclinaison de Mes aides pour les bourses scolaires) ou encore le registre national de disponibilité des taxis, utilisant les techniques d’open data et de géolocalisation instantanée.

Les startups d’État du SGMAP partagent plusieurs fondamentaux, qui tous relèvent du bon sens. Premier d’entre eux : cibler un problème identifié, circonscrit, et dont la résolution paraît réaliste. « Pour le projet Mes aides, la question était toute simple : en tant qu’usager, à quelles aides ai-je droit ? Il ne s’agit pas de refaire de fond en comble le système de demande d’aides sociales, mais juste de combler un besoin précis de l’usager », explique Jérôme Desboeufs (photo), développeur au sein de l’équipe. En présentant surtout à l’utilisateur un produit qu’il pourra évaluer.

C’est là un second point fondamental : aucune des startups n’a bâti son projet seule, en vase clos. A chaque fois, elles l’ont expérimenté en le confrontant à la réalité des utilisateurs et des administrations. « La priorité de ces startups est de coller aux usages, et de ne jamais s’en écarter avec le temps », insiste Henri Verdier. Dans les faits, cette remontée terrain s’est la plupart du temps matérialisée par des open labs, à savoir des ateliers collaboratifs réunissant régulièrement les acteurs partie prenante dans le produit en construction.

« Praticiens des collectivités locales, éditeurs de logiciels, entreprises, juristes, communicants, formateurs, etc. Chacun autour de la table devait venir avec ses compétences, son ressenti et ses propositions », rapporte Philippe Vrignaud, adjoint au directeur de projet « Dites-le-nous une fois », qui pour bâtir MPS a animé pendant 6 mois des open labs tous les 15 jours.

Autre principe clé des startups d’Etat : analyser et tester in situ la fluidité du parcours usager. « Avec Mes aides nous voulions parvenir à une navigation gommant toute la complexité administrative rencontrée lors des demandes d’aides. Notamment en masquant les multiples questions qui submergent l’usager, alors même qu’elles ne correspondent pas à sa situation », précise Héla Ghariani, chef de produit au sein de l’équipe startups d’Etat.

Et pour tester ce nouveau parcours, l’équipe s’est déplacée dans les centres parisiens d’action sociale. L’idée ? S’entretenir avec les usagers, observer leur navigation au sein de la nouvelle interface et relever les points de complexité pour mieux les supprimer.

Entièrement axées sur l’expérimentation continue, ces startups d’État n’obéissent pas aux canons des projets traditionnels. Elles ne sauraient être guidées par des spécifications trop rigides ou un cahier des charges formel. Elles s’inscrivent par ailleurs dans un temps court. « En 4 jours seulement, après un hackathon, nous avons produit une première version de Mes aides. Nous l’avons présentée aux usagers et aux administrations pour recueillir leur ressenti et leurs critiques. Il n’en reste pratiquement rien aujourd’hui, mais cette v0 a forgé la base de notre réflexion », détaille Jérôme Desboeufs.

Autre particularité de la startup d’État : sa structure. L’équipe est resserrée, autonome, pluridisciplinaire, et entièrement dédiée au projet. Elle compte en moyenne un ou deux développeurs ainsi qu’un chef de produit. Ce dernier a ceci de particulier « qu’il fait de ce projet une affaire personnelle, et que rien ne doit le faire dévier de sa route », affirme Pierre Pezziardi, qui anime les startups d’Etat au sein du SGMAP. La mission du chef de produit est de prendre les contacts nécessaires au projet dans les ministères impliqués et de s’assurer de leur soutien. Enfin, le coach agile est chargé de fluidifier les échanges non seulement avec les administrations, mais également au sein de l’équipe.

Rappelons que si ces startups sont d’abord au service du citoyen pour supprimer certains irritants administratifs, elles sont aussi, dans le même temps, en soutien des équipes des ministères. « Nous souhaitons à terme que ces derniers soient en mesure de prendre en main les projets et les fassent vivre. Pour cela, nous leur transférerons le code ainsi que les équipes qui l’ont développé », projette Henri Verdier (photo, à gauche). Cette maîtrise technologique de la solution, qui se traduit ici par une internalisation des développements, est fondamentale. Non seulement pour rester maître des évolutions du produit mais également pour garantir un alignement sur la stratégie de l’Etat en matière de système d’information. Stratégie qui peut se résumer en un mot : l’Etat plateforme, et son corolaire, l’ouverture d’interfaces informatiques (API) par les administrations. « Certaines startups d’Etat ont ainsi donné lieu à plusieurs API ouvertes, réutilisables à l’interministériel. En ce sens, elles se rapprochent, dans l’esprit, des communautés issues des logiciels libres », poursuit-il.

Les startups d’Etat empruntent les codes de l’open source, de l’agilité, du lean startup et du développement guidé par le design. En soit originale, cette méthode est particulièrement adaptée à l’administration. Renforcées par l’absence de concurrence commerciale au sein de l’action publique, les valeurs d’ouverture et de coconstruction véhiculées par les startups d’Etat s’accordent en tout point avec la notion d’intérêt général et de service public.

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